Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie

Cinq méditations sur la mort, autrement dit sur la vie de François Cheng ( Albin Michel- 2014)

p.56 : " Nous sommes à même maintenant de cerner plus concrètement les besoins vitaux ou désirs irrépressibles que la conscience de la mort fait naître en nous...Nous en retiendrons trois principaux : désir de réalisation, désir de dépassement, désir de transcendance."
p.68 : "...La mort semble régner en maîtresse du monde, mais son pouvoir n'a pu lui être conféré en amont que par cet absolu qu'est la vie, qui, pour être vie, exige la mort corporelle. La vie ne nous appartient pas, c'est nous qui lui appartenons. Elle est transcendante pour la simple raison que tout en palpitant au plus intime de nous, elle est infiniment au-dessus et au-delà de nous. Nous ne pouvons que nous en remettre à elle en toute confiance...Par ailleurs notre véritable lien avec les autres- lien d'amitié ou d'amour fondé lui aussi sur une confiance sans faille- n'est possible que dans la lumière de cette transcendance."
p.72 : "...l'esprit fait appel au cerveau, l'âme opère à partir du coeur. L'esprit s'appréhende par l'intellect, l'âme se saisit par l'intuition...L'esprit raisonne,l'âme résonne....Sur elle se concentre toute l'aspiration humaine à l'amour absolu, dans ce qu'il peut avoir de divin."
P.90 : " Toute oeuvre d'art, en son état le plus élevé,  est résonance d'âme à âme avec les autres êtres et avec l'Etre. C'est la manière pour chaque créateur de dépasser l'espace temps,  de transcender la séparation et la mort. "
P.122: "Au coeur de l'humanité ont surgi des  figures admirables qui répandent sur nous lumières et consolations.  Elles font la grandeur de l'homme et nous tirent sans cesse vers le haut. Un jour, l'un d'entre nous s'est levé,  il est allé vers l'absolu de la vie,  il a pris sur lui toutes les douleurs du monde en donnant sa vie, en sorte que même les plus humiliés et les plus suppliciés peuvent, dans leur nuit complète,  s'identifier à lui, et trouver réconfort en lui. Si il a fait cela,  ce n'était pas pour se complaire dans la souffrance : il s'est laissé clouer sur la croix pour montrer au monde que l'amour absolu est possible,  un amour fort comme la mort,  et même plus fort qu'elle,  capable de dire de ses propres bourreaux : " Pardonne leur,  ils ne savent pas ce qu'ils font." Ces paroles adressées à Dieu s'adressent aussi à nous,  nous appelant à participer au pardon divin, à unir le devenir humain au devenir divin, et l'unicité de chaque être à l'unicité de l'Etre même. "
Choix de C.Meaudre